Vous vous réveillez déjà fatiguée. Avant même d’ouvrir les yeux, votre esprit déroule la liste : le rendez-vous chez le dentiste pour votre fille, le dossier urgent à terminer, les courses à faire, l’anniversaire de votre belle-mère la semaine prochaine, le lave-vaisselle à réparer, la réunion parents-profs à caler. Cette charge mentale permanente, vous la connaissez bien. Elle vous accompagne du matin au soir, invisible mais omniprésente.
Ce que vous ignorez peut-être, c’est que cette surcharge mentale ne reste pas cantonnée dans votre tête. Elle s’inscrit physiquement dans votre corps, créant des zones de tension, de douleur, de rigidité qui deviennent votre quotidien.
En tant que thérapeute psychocorporelle à Genève, j’observe chaque jour dans mon cabinet comment la charge mentale façonne littéralement les corps, particulièrement ceux des femmes qui portent souvent le poids de la gestion du foyer et de la famille en plus de leur vie professionnelle.
Comprendre la charge mentale : bien plus qu’un concept sociologique

La charge mentale désigne ce travail invisible de gestion, d’organisation et d’anticipation qui occupe constamment votre esprit. Ce n’est pas simplement « avoir beaucoup à faire ». C’est être la gestionnaire par défaut de multiples domaines de vie : la maison, les enfants, les rendez-vous, les tâches administratives, les liens sociaux, les besoins de chacun.
Contrairement au stress ponctuel face à une échéance, la charge mentale est chronique. Elle ne s’arrête jamais vraiment. Même lorsque vous vous asseyez pour « vous reposer », une partie de votre cerveau continue de tourner, de planifier, de vérifier que rien n’a été oublié. Cette vigilance permanente épuise votre système nerveux et, comme je le constate régulièrement avec mes patientes, s’inscrit profondément dans vos tissus.
Cette épuisement chronique du système nerveux crée un terrain propice au burnout. Contrairement aux idées reçues, le burnout ne touche pas uniquement la sphère professionnelle. Le burnout maternel ou familial, alimenté par cette charge mentale constante, est de plus en plus fréquent.
Lorsque votre corps et votre esprit fonctionnent en surrégime pendant des mois, voire des années, sans temps de récupération véritable, l’effondrement guette.
Le burnout n’est pas un signe de faiblesse : c’est le signal d’alarme ultime d’un organisme poussé au-delà de ses limites.
Les femmes sont particulièrement touchées par ce phénomène. Les études sociologiques le confirment : elles consacrent en moyenne beaucoup plus de temps que les hommes à la charge mentale domestique et familiale, même lorsqu’elles travaillent à temps plein.
Cette réalité n’est pas une fatalité biologique mais le résultat de conditionnements sociaux profonds qui assignent aux femmes le rôle de « gardiennes du quotidien ».
La cartographie corporelle de votre charge mentale
Votre corps ne ment jamais. Il porte en lui toute votre histoire, comme l’écrivait si justement Alice Miller. Et la charge mentale laisse des empreintes très spécifiques dans certaines zones de votre organisme. Après des années d’accompagnement avec la Méthode de Libération des Cuirasses et d’autres approches corporelles, j’ai pu observer où se loge précisément cette surcharge.

Les épaules et la nuque : porter le poids du monde
C’est la zone la plus fréquemment touchée. Vos épaules remontent vers vos oreilles, se rigidifient, créant cette sensation de porter littéralement un fardeau. La nuque devient douloureuse, parfois même bloquée. Cette contraction n’est pas anodine : elle exprime physiquement le poids de toutes ces responsabilités que vous portez.
Lorsque je travaille avec des patientes sur cette zone, souvent avec des balles douces ou des bâtons dans le cadre de la MLC, les libérations sont spectaculaires. Les épaules qui descendent enfin, le cou qui retrouve sa mobilité, et fréquemment, l’émergence d’émotions longtemps contenues : « Je n’en peux plus », « C’est trop lourd », « Personne ne voit ce que je fais ».
Le diaphragme et la cage thoracique : le souffle coupé
La charge mentale coupe littéralement votre respiration. Votre diaphragme, ce muscle essentiel à une respiration profonde, se contracte chroniquement. Votre cage thoracique se rigidifie. Résultat : vous respirez de manière courte, superficielle, comme si vous étiez constamment en apnée.
Cette respiration limitée entretient un cercle vicieux : moins vous respirez profondément, plus votre système nerveux reste en alerte, et plus la tension s’installe. Le travail sur cette zone, notamment avec la Technique Nadeau qui masse en profondeur tous les organes, permet de retrouver une respiration ample et libératrice.
La mâchoire : serrer les dents
« Je serre les dents et j’avance » : combien de fois ai-je entendu cette expression ?
La mâchoire contractée est la signature de celles qui tiennent bon, qui encaissent, qui ne se plaignent pas. Cette zone retient les mots non dits, la colère refoulée, l’épuisement qu’on n’ose pas exprimer.
Les tensions de la mâchoire peuvent créer des douleurs dentaires, des maux de tête, des acouphènes. Elles témoignent de tout ce que vous retenez pour ne pas « craquer », pour continuer à assurer. Relâcher cette zone demande souvent d’abord de pouvoir mettre des mots sur ce qui est retenu.
Le ventre : digérer l’indigeste
Votre ventre est votre deuxième cerveau. Il réagit intensément à la charge mentale. Vous ressentez peut-être des nœuds à l’estomac, des troubles digestifs récurrents, une sensation de lourdeur permanente. Cette zone « digère » non seulement votre nourriture, mais aussi vos émotions, vos stress, vos surcharges.
La contraction chronique du ventre crée une coupure avec vos sensations profondes, avec votre intuition, avec vos besoins réels. En travaillant sur cette zone avec douceur, notamment lors de massages intuitifs et holistiques, je constate souvent que les personnes se reconnectent à ce qu’elles ressentent vraiment, au-delà de ce qu’elles « doivent » faire.
Le bassin : la base sous pression
Le bassin porte symboliquement votre capacité à vous poser, à vous ancrer, à prendre votre place. Lorsqu’il est tendu, rigidifié par la charge mentale, c’est toute votre stabilité qui est compromise. Vous fonctionnez en mode « survie », toujours en mouvement, incapable de vraiment vous arrêter.
Cette zone est aussi celle de votre créativité, de votre sexualité, de votre énergie vitale. Lorsqu’elle est figée par la surcharge, c’est votre joie de vivre qui s’étiole. Le travail sur le bassin, particulièrement apprécié en MLC© et en technique Nadeau®, permet de retrouver cette capacité à « atterrir », à vous sentir présente à vous-même.
Comment la charge mentale crée ces tensions corporelles

Comprendre le mécanisme aide à saisir pourquoi travailler uniquement sur le mental ne suffit pas.
Lorsque vous êtes en surcharge mentale permanente, votre système nerveux reste activé en continu. Il fonctionne comme si vous étiez constamment face à un danger, mobilisant vos ressources pour « tenir ».
Cette activation chronique déclenche une cascade de réactions physiologiques : libération continue de cortisol, maintien des muscles en tension, respiration limitée, vigilance accrue. Votre corps se cuirasse littéralement pour faire face à cette pression incessante.
Ces cuirasses musculaires, concept développé par Wilhelm Reich et enrichi par Marie Lise Labonté à travers la MLC, sont des protections que votre corps a construites. Sur le moment, elles vous permettent de « tenir le coup ». Mais avec le temps, elles deviennent votre prison : vous ne savez plus relâcher, même quand vous le voudriez.
Les fascias, ces tissus conjonctifs qui enveloppent tous vos muscles et organes, jouent également un rôle crucial. Ils se rigidifient sous l’effet du stress chronique, créant une sorte de « mémoire » de la tension dans vos tissus profonds.
C’est pourquoi vous pouvez avoir « compris » mentalement que vous devez lâcher prise, sans pour autant y parvenir physiquement.
Pourquoi libérer la charge mentale demande un travail corporel
Dans mon cabinet, je rencontre régulièrement des femmes qui ont « tout essayé » : thérapie verbale, coaching, méditation, techniques de gestion du temps. Ces approches sont précieuses et souvent nécessaires. Mais si elles ne s’accompagnent pas d’un travail corporel, une partie essentielle de la charge mentale reste intacte.
Parler de votre surcharge active votre cortex cérébral, la partie « récente » de votre cerveau. Or, les tensions créées par la charge mentale se logent dans des structures plus anciennes, pré-verbales, qui ne répondent pas au langage mais aux sensations, au mouvement, au toucher.
Le corps ne ment jamais. Cette épaule contractée, ce ventre noué, cette mâchoire serrée sont des messages directs, non filtrés par vos mécanismes de défense psychologiques. Ils disent votre fatigue réelle, votre besoin de repos, votre saturation, bien avant que votre mental ne vous autorise à les reconnaître.
C’est précisément là que les approches psychocorporelles que j’utilise prennent tout leur sens. Elles permettent d’accéder à ces mémoires corporelles, de dénouer ces tensions installées depuis parfois des années, de recréer un dialogue entre votre esprit et votre corps.
Les approches corporelles pour libérer la charge mentale
La Méthode de Libération des Cuirasses : s’autoriser à déposer

La MLC est particulièrement adaptée pour travailler sur la charge mentale. Son principe d’auto-régulation est fondamental : vous n’êtes pas soumise à une pression externe. Vous placez l’instrument sous votre corps et laissez votre organisme décider jusqu’où il peut se déposer.
Pour des femmes habituées à tout gérer, à tout contrôler, à toujours être en action, cette approche est révolutionnaire. Elle leur permet de reprendre contact avec leurs propres limites, d’apprendre à écouter leur corps plutôt que de le forcer. Les instruments révèlent des tensions dont elles n’avaient parfois pas conscience, des cuirasses construites pour « tenir bon » depuis si longtemps qu’elles semblaient normales.
Une patiente me confiait récemment : « Pour la première fois, j’ai senti que je pouvais vraiment m’arrêter. Mon corps n’était plus obligé de tenir. C’était comme si on m’autorisait enfin à être fatiguée. »
La Somatic Experiencing : compléter les réactions inachevées

La Somatic Experiencing, développée par Peter Levine, travaille spécifiquement sur les réactions de survie inachevées. Lorsque vous êtes en surcharge permanente, votre corps mobilise constamment des réactions de fuite ou de combat qu’il ne peut jamais vraiment accomplir.
Cette énergie non dépensée reste active dans votre système nerveux, maintenant vos muscles en tension. La SE permet de « terminer » ces mouvements, de libérer cette énergie bloquée, permettant à votre corps de sortir enfin de l’état d’alerte chronique.
Les approches énergétiques : dissoudre les nœuds

Des approches comme La Trame ou les soins énergétiques agissent sur un plan plus subtil mais tout aussi réel. Elles permettent de dissoudre les nœuds énergétiques créés par la surcharge, de rétablir une circulation harmonieuse dans votre organisme.
Ces séances apportent souvent un apaisement profond, une sensation de « remise à zéro » qui permet ensuite de reconstruire autrement, avec plus de conscience et de respect de vos limites.
Le massage comme reconnexion à soi
Le massage intuitif et holistique offre un toucher bienveillant qui permet à votre corps de se sentir en sécurité. Pour beaucoup de femmes en surcharge, le simple fait d’être « reçue », de ne rien avoir à faire, à gérer, à contrôler pendant une heure est déjà thérapeutique en soi.
Ce temps où l’on prend soin de vous, sans que vous ayez à vous occuper de qui que ce soit d’autre, permet à vos cuirasses d’accepter progressivement de se relâcher.
Au-delà du corps : transformer la charge mentale dans votre quotidien

Le travail corporel est essentiel, mais il ne dispense pas d’interroger et de transformer concrètement l’organisation de votre vie. Libérer les tensions corporelles vous donne souvent la clarté et l’énergie nécessaires pour ensuite poser des limites, redistribuer les tâches, oser dire non.
J’observe régulièrement ce processus : une patiente vient me voir pour des douleurs chroniques aux épaules. Au fil des séances de MLC, elle prend conscience du poids qu’elle porte. Elle reconnecte avec sa fatigue réelle, avec ses besoins. Et progressivement, elle commence à modifier son quotidien : elle délègue certaines tâches, elle négocie une meilleure répartition avec son conjoint, elle s’autorise à ne pas être parfaite.
Le corps devient alors un allié, un guide qui vous indique quand c’est trop, quand vous dépassez vos limites. Au lieu de le faire taire avec des antidouleurs ou en serrant les dents, vous apprenez à l’écouter et à ajuster en conséquence.
Des outils complémentaires comme EmotionAid pour gérer les situations de crise ou Psych-K pour transformer les croyances limitantes (« Je dois tout gérer », « Je ne peux compter que sur moi ») viennent soutenir ce processus de transformation globale.

Votre corps mérite d’être libéré de cette charge
La charge mentale inscrite dans votre corps n’est pas une fatalité. Ces épaules contractées, cette mâchoire serrée, ce ventre noué, cette respiration courte peuvent se libérer. Mais cette libération demande de passer par le corps, de lui offrir l’attention, la douceur, le respect qu’il mérite.
En tant que femmes, nous avons souvent appris à nous oublier, à prioriser les besoins des autres, à tenir bon quoi qu’il en coûte. Notre corps paie le prix de ces conditionnements. Il est temps de l’écouter, de reconnaître sa fatigue, de respecter ses limites.
Le chemin vers la libération de la charge mentale commence par cette reconnexion à votre corps, par l’écoute bienveillante de ses messages. Lorsque vous offrez à votre organisme les conditions de sécurité dont il a besoin pour relâcher ses cuirasses, c’est toute votre vie qui peut se transformer.
Vous ne portez plus seule ce poids invisible mais ô combien réel. Vous retrouvez une respiration libre, des épaules détendues, une présence à vous-même. Vous pouvez enfin habiter pleinement votre corps, ici et maintenant, sans cette pression constante qui vous épuisait.
L’invitation est lancée : et si vous commenciez à écouter ce que votre corps a à vous dire sur votre charge mentale ? Et si vous lui offriez enfin l’accompagnement dont il a besoin pour se libérer ?
Vous reconnaissez-vous dans cet article ? Découvrez comment un accompagnement corporel adapté peut vous aider à libérer les tensions créées par la charge mentale. Prenez rendez-vous pour explorer ensemble une approche qui respecte votre rythme et votre réalité de femme.




